0 avis
Good grief / Hugh Coltman
Disque compact
Edité par Sony Music - 2024
Hugh Coltman, double lauréat de la Victoire de la Musique Jazz revient avec un très bel album rock/blues de nouvelles compositions accompagné par un band de grands musiciens. Dans son sixième album, il lutte avec ses ombres. Deuil, rôle de père, crise de la cinquantaine et vertige de l'époque : le crooner rock à l'accent so british ne triche pas. Parées de jazz, de folk et de blues, ses chansons poétiques en diable vous touchent en plein coeur. Et si la crise avait du bon ? « Écrire ces trucs là ça m'a libéré » révèle Hugh Coltman. Album de crise, Good Grief ? Oui, mais loin d'être totalement noir. Il y a de la résilience et de l'amour dans ces chansons livrées au tournant de la quarantaine, l'envie d'assumer ses fragilités en tant qu'homme et père, comme si Hugh faisait le deuil de son « moi » d'avant, celui qui se prenait pour Roger Daltrey des Who s'époumonant sur des riffs de blues-rock. « Plutôt que de courir après un personnage que je ne suis plus, dit-il, l'idée était de se battre et d'accepter. Où cela allait-il m'emmener ? Où pouvais-je trouver du positif ? Tout cela m'a aidé à mettre le doigt sur certaines choses que j'ai voulu transmettre dans ces chansons, principalement pour moi, mais aussi pour aider les autres ». La première chose que l'on entend, c'est la voix merveilleuse de Hugh Coltman, bien au fond du temps, son vibrato exquis, son sens de la dramatique et, bien sûr, cet accent irrésistible. Un pied en Angleterre et l'autre en Amérique, Hugh avoue s'être autant penché sur Nick Drake que sur les premiers Blake Mills. Et finalement l'inspiration était là, tapie dans les pages d'un carnet, crachée par les agités des réseaux derrière leur écran (« Keyboard Warriors »), vomie par l'inhumanité du monde, comme cette tristement célèbre photo d'Aylan, l'enfant de réfugiés syriens au tee-shirt rouge retrouvé mort sur une plage en Turquie (« Red T-Shirt »). Sur ce monde-là, le sien et le nôtre, Hugh Coltman porte un regard réfléchi, qu'il soit emphatique, acerbe ou désabusé, loin en tout cas du fonceur qu'il était jadis. Dans l'intervalle, il a trouvé la réponse à la question qu'il se posait : pourquoi faire encore un disque ? Et bien pour toutes ces raisons-là, et une dernière encore, peut-être la plus importante : « Parce que ça me plaît ».