Gerard Manley Hopkins

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" Paraître l'étranger, tel est mon lot, ma vie ". Ce vers de Gerard Manley Hopkins (1844-1889) semble résumer son destin. Poète non publié de son vivant, inconnu sauf de quelques-uns et soumis, en tant que jésuite, à la discipline et à la censure de son ordre, tout l'empêchait de partager ses dons intellectuels uniques avec les autres, lui qui aspirait pourtant à " faire de la parole, à chaque instant, un acte de relation ". Son oeuvre a obtenu après sa mort l'admiration qu'elle méritait et Hopkins est considéré à juste titre comme l'un des fondateurs de la poésie anglaise moderne. Personne n'avait encore fait de la langue ce qu'il a réussi à faire. " Sa poésie a l'effet de veines d'or pur enchâssées dans des blocs de quartz imprévisibles " avait observé son contemporain Coventry Patmore. La force rythmique et la nouveauté disruptive des vers de Hopkins ont le pouvoir de modifier notre regard et de nous faire ressentir toute chose dans sa fraîcheur flamboyante et son absolue singularité. Ses poèmes sont empreints de tendresse envers la terre, notre fragile humanité et toutes les créatures : la colombe, le faucon crécerelle, l'alouette, les " roses grains de beauté de la truite qui nage " Il voue la même délicate attention à l'observation et à la description du ciel et des nuages, comme si le poète et le météorologue ne faisaient qu'un. Sensible à la condition des classes laborieuses, radical dans sa critique des obscurantismes sociaux, Hopkins nous surprend aussi par l'écologie du poème qui fait buissonner son écriture, notamment quand il déplore la destruction du paysage dans lequel il vit et qu'il explore avec un amour scrupuleux, plaidant pour " Que vivent encore longtemps herbes folles et lieux sauvages ". Sommaire. Actualité de Hopkins. Le cristal terrible. Un poète aux aguets du monde. Une poésie soufflée au chalumeau. Hopkins l'oiseleur. ""Self" étant devenu un verbe ! ". Point(s) de grammaire. Perspectives croisées sur "L'Oxford de Duns Scot". "Les peupliers de Binsey". Une petite cathédrale sonore. Ivar Ch 'vavar et sa traversée du "Naufrage". "Le naufrage du Deutschland". "Sonnets de terreur", présentés et traduits par Pierre Vinclair. Une exaltante fatigue. Louis-René des Forêts et Gerard Manley Hopkins.

Voir le numéro de la revue «Europe, 1129, Mai 2023»

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